Robin des Bois (Robin Hood) est un personnage que nous pouvons appréhender de manière alchimique et dont le nom peut être déchiffré par le biais de la Langue des Oiseaux.
Comme Zorro, Robin
des Bois est un justicier auquel pas mal de petits garçons de ma génération se
sont identifiés. Héros archétypal du Moyen-âge, il symbolise aujourd’hui encore
la soif de justice qui réside en chacun de nous. Brigand au service de tous les
opprimés, il détrousse les riches et rend l’argent aux pauvres.
Le dessin animé de Wald
Disney l’immortalise sous l’apparence d’un renard malin et courageux qui s’insurge
contre les impôts injustes prélevés le pouvoir royal. Cette version fait
allusion à l’usurpation du pouvoir par le prince Jean lors de la captivité du
roi Richard Cœur de lion. Parti en croisade, celui-ci avait en effet initialement
confié la régence du royaume à l’évêque Guillaume Longchamp.
La première mention
écrite mentionnant un « Robehod »
date de 1228. Il s’agit d’un document judiciaire relatif à un personnage
emprisonné pour non-paiement d’une amende.
Par la suite, plusieurs
ballades populaires célèbrent les aventures d’un « Robin ». Si le prénom du personnage semble déjà associé à la
belle Marianne (« Le jeu de Robin
et Marion » vers 1283), la première allusion écrite de ses
aventures date de 1377 avec le manuscrit de William Langland : « Pierre le laboureur ». Par
la suite, la légende continue de se former. Il est alors question d’un hors-la-loi
au grand cœur qui affronte un système corrompu à l’aide de son arc
Caché au cœur de la
forêt de Sherwood, vêtu de vert et fréquemment représenté avec un vêtement à
capuche coiffé d’un petit chapeau orné d’une plume, la signification de son nom
donne des clefs pour en déchiffrer la symbolique.
En premier lieu, le
personnage se nomme « Robin Hood »
et non « Robin Wood »,
ce qui l’apparente à un conte aussi célèbre : « Red Riding Hood » (Le Petit chaperon rouge).
Quant au pseudonyme
de « Robin », il
désigne en fait le « coucou »,
qui partage le symbolisme de la « primevère », allusion à l’Amour
idéalisé mais aussi au Printemps, à la jeunesse, à la renaissance de la nature
et de la verdure. Le vert signe aussi la connaissance des choses cachées que l’on
pourra découvrir en pratiquant la Langue des Oiseaux (la plume présente sur la
capuche de Robin).
Par ses habitudes, notamment
celle de prendre place dans le nid d’autres oiseaux pour y pondre, le coucou représente
la tromperie, l’infidélité, la duplicité et l’adultère, aspects que l’on
retrouve chez les personnages créés par Cyrano de Bergerac ou chez d’autres héros
éminemment liés à la Langue des Oiseaux, notamment Till l’Espiègle.
Si ce caractère double
et volatile du coucou (qui a donné « cocu »), s'associe au côté insaisissable de Robin des Bois, il est en fait une allégorie du Mercure des alchimistes qui
correspond au sel double du début de l’œuvre. Il est aussi une métaphore du
dieu Janus (Mercure) représenté avec deux visages.
Par ailleurs, la
lutte entre Robin des Bois et le prince Jean évoque très certainement les oppositions
violentes propres aux opérations alchimiques, et notamment au conflit entre le
souffre et le mercure.
Pour sa part, le
terme « Hood » signifie certes « truand » (celui qui se tient en
marge de la norme) mais également « capuche ». Robin
des Bois est ainsi un brigand paré d’un « capuchon taillé en pointe »
… ce qui renvoie cette fois à « l’art
de la pointe » cher à Cyrano de Bergerac, soit une allégorie figurant la
capacité de capter la lumière et le Langage de l’Esprit.
Il faut aussi
savoir qu’emprunté par l’anglais au français du Moyen-Age, un « robin »
désignait alors un « mouton ». Le mot s’est ensuite transformé
en « robinet », objet permettant de laisser
couler les fluides et qui avait souvent la forme d’une tête de mouton. Or en
alchimie, le fluide (ou rosée) se captait au printemps sous le signe du bélier,
d’où une indication sur la période favorable pour débuter l’œuvre. Le nom « robin »
qualifiait aussi le paysan dénigré dans la littérature médiévale, ce qui n’est
pas sans rappeler le terme de « laboureur »
que se donnaient eux-mêmes les alchimistes.
Le nom de la
compagne de Robin est également révélateur :
Marianne (de « Marian »,
antique déesse païenne devenue « Brigitte » au Moyen-Age) se
confondait autrefois avec « Marie
l’Egyptienne », devenue « Maria », la patronne
des troubadours.
Encore appelée « Merry
maid » (« fille de joie ») ou « Mermaid
» (« fille de la mer » ou « sirène »),
tous ses noms étaient des travestissements de l’Aphrodite des Grecs. Cette même
divinité fut également nommée : « Myrrha », prénom
qui évoquait la myrrhe apportée par les rois mages.
Si l’Epiphanie
retrace l’arrivée des rois mages guidés par une étoile, celle-ci revêt aussi
une importance considérable en matière d’alchimie dans la mesure où son
apparition représente concrètement le premier signe visible de l’œuvre.
De ces noms découle
bien sûr celui de la Vierge Marie, ou de la lune, dispensatrice du Mercure
universelle.
Ainsi, derrière l’aspect
d’un justicier au grand cœur dont nous aurions grand besoin aujourd’hui, Robin
des Bois demeure à la fois une allusion aux opérations alchimiques ainsi qu’une
invitation à se tourner vers la puissance de l’Esprit figurée par la Langue des
Oiseaux.
Outre le coucou, le mot « Robin » ne désigne-t-il pas également un
rouge-gorge en anglais …
Ceux qui désirent élargir leur connaissance pourront se procurer l’ouvrage de Richard Khaitzine, qui nous a quitté l’année dernière : La petite histoire et la légende de Robin des Bois, Slatkine, 2011.