L’oiseau
Caladrius, allégorie de la puissance de l'Esprit
Le Caladrius au chevet des malades, British Library, Harley MS 4751, Folio 40r |
Les Oiseaux
jouent un rôle prépondérant dans toutes les légendes, mythologies et religions.
Presque
partout, dieux, démons et anges volent, se transforment en oiseaux ou en
hommes-oiseaux afin d’entrer en communication avec les hommes.
La fréquence
de signes et de symboles qui leur sont associés sur les lieux de connaissance
n’est donc nullement le fruit du hasard. De tous temps, ils ont été les
intermédiaires entre les hommes et les Dieux. Euripide le clamait en son temps : « les oiseaux sont les messagers des dieux ».
Par leur
nature et leur capacité à prendre de la hauteur, ils contribuent à désigner ce
qui est immatériel: l’âme, l’esprit, le double, les états de conscience
supérieurs … en somme l’élévation spirituelle. Seuls capables d’échapper à la
pesanteur de la matière, les volatiles représentent notre capacité d’approcher
les mystères du ciel. Symbolisant aussi la puissance de l’esprit, leur langage,
leur regard ou leur présence est capable d’extraire l’Homme de sa condition
ordinaire.
En occident,
c’est l’oiseau Caladrius (ou Caladre) qui joua ce rôle.
Cité par de
nombreux auteurs (Plutarque, Elien, Hugues de Fouilloy, Honoré d'Autun, Alexandre Neckam ...), il est également évoqué
dans les romans médiévaux et sculpté sur le fronton de certaines églises romanes.
Le Caladrius sur la façade de l'église Saint-Pierre d'Aulnay (Saintonge) |
Oiseau légendaire du Moyen-Age il
était censé approcher la taille d'un corbeau ou d’un héron.
Parfois décrit comme doté d'une tête d'Aigle, d'un long cou et d’une queue de serpent, il était paré d'un
plumage d'un blanc immaculé.
Préservé de tout commerce en
vertu de ses capacités, il était capable de guérir les gens de maladies
incurables, mais tournait la tête si la personne en question était destinée à
mourir. Lorsqu'il guérissait un malade, il le fixait, lui prenait ses maux puis
s’envolait vers le soleil pour les consumer. Censé soigner toutes les maladies
(sa fiente guérissait la cécité), l'oiseau ne pouvait pourtant
pas endurer le regard d’une personne impure car son pouvoir dépendait de la
croyance qu’on plaçait en lui. Préférant s’en détourner en fermant les yeux, il
l’abandonnait alors à son sort, ce qui équivalait à une mort certaine.
Dans son
bestiaire, Philippe de Taon le
décrit comme une Mouette et précise qu’il ne devait en aucun cas être
mangé. Sur certaines sculptures romanes, il est représenté avec un corps d'oiseau et un visage d'homme, lui-même coiffé d'un cou et d'une tête d'oiseau.
Censé être présent à la cour du roi, on lui attribuait le pouvoir de conseiller
et de prédire l’avenir grâce à ses vertus divines.
Le Caladrius éclairant un monarque, British Library, Harley MS 4751, Folio 40r |
Allégorie du pouvoir spirituel,
seul capable d’aider l’Homme à se libérer de ses souffrances, de ses émotions
ou de ses croyances, l’oiseau, par son regard, son chant ou sa présence pouvait
aussi l’éclairer, ce qu’il était censé faire vis-à-vis du pouvoir temporel …
Les temps ont bien changé …
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