D'après un dessin de YGRECK |
Si vous avez la très nette impression d’héberger un Tchèque ou un Ouzbek sous votre toit, voici quelques lignes qui vont aideront peut-être à comprendre le langage étrange de votre progéniture.
Pour autant, si vous espérez vraiment
parvenir à communiquer avec un ado, cela ne suffira certainement pas … En effet,
à peine serez-vous parvenus à déchiffrer quelques mots, qu’il en emploiera
d’autres …
Si le phénomène n’est pas
nouveau, les mots ou les expressions propres aux jeunes rappellent pourtant les
procédés couramment utilisés par ceux qui ont pratiqué la Langue des Oiseaux
(suppression de voyelles, contractions, acronymes, inversions, termes d’argot
empruntés aux langues étrangères, barbarisme, néologisme …), à l’image de
Rabelais, Swift, Villon ou du jargon coquillard.
En premier lieu, une grande quantité de termes ou d’abréviations sont en fait des acronymes destinés à gagner du temps lors des envois de texto ou de mails.
Au fil des messages écrits, on rencontre ainsi des phrases dont les voyelles ont disparus: « BG » (Beau Gosse), « DSL » (Désolé), « JPP » (J’en Peux Plus), « TFK » (Tu Fais Quoi ?), « TRK » (TRanQuille), « TQT » (T’inQuièTe), « PTDR » (PéTé De Rire), « PAMM » (Parle À Ma Main), « TMTC » (Toi-Même Tu Sais) …
Assez faciles à deviner, certains acronymes forment désormais des mots prononcés oralement comme : « OSEF », abréviation de la phrase : « On S’En Fout ».
D’autres mots
sont également des acronymes d’expressions issues de langues étrangères.
Prenons ainsi l’exemple de
« FOMO » qui signe la peur de rater une occasion.
L’expression dérive de l’anglais : « Fear Of Missing Out » qui se traduit par : « l’angoisse de manquer quelque chose ».
Le terme « SWAG », employé à toutes les sauces et exprimant le fait
d’être stylé ou cool, est également l’acronyme de l’expression anglo-saxonne :
« Secretly We Are Gay ».
En
perte de vitesse car désormais repris par les adultes, « LOL »
est l’acronyme de : « Laughing
Out Loud » qui signifie : « riant à gorge déployée ».
Enfin, utilisé par nos chères
têtes blondes lorsqu’elles ont décidées de faire quelque chose de complètement
débile, voire dangereux, le terme « YOLO » renvoie à : « You Only Live Once » (« on ne vit qu’une fois »).
Comme nous l’avons dit précédemment, certains termes sont directement empruntés aux langues étrangères.
« Aight » est ainsi
une contraction de l’anglais « Alright »,
« Chiller » est né du verbe américain « to chill » signifiant : « s’amuser », « Dar », inversion du terme « hard », signifie selon le contexte «difficile » ou « cool ».
Si la Langue de Shakespeare fournit une partie du vocabulaire des ados, ceux-ci empruntent également des termes plus ou moins argotiques issus de toutes les langues étrangères.
Ainsi, « Poche »
est un terme d’origine québécoise employé pour exprimer la nullité de quelque
chose, « Schnek » est un mot d’origine allemande qui signifie l’escargot
mais qui désigne également de façon argotique le sexe féminin et les filles en
général ; par extension, l’expression : « Avoir la Schnek »
exprime le fait d’avoir de la chance. « S’enjailler », synonyme
de : « s’éclater », est
issu de l’argot ivoirien, un « Gava », emprunté au javanais, désigne
un « gars », « c’est
la Hass » est une expression d’origine arabe (de hass = bruit
en algérien) synonyme de « misère ou
galère », « Avoir le seum », qui signifie :
« être dégouté, avoir le cafard ou
avoir la haine », est également une expression qui dérive d’un mot arabe,
« Kawaï », adjectif japonais signifiant : « mignon », s’utilise pour décrire quelque
chose de charmant au féminin. Enfin, « 521 » est un code utilisé à
l’écrit pour exprimer discrètement sa flamme. Il tire son origine de l’expression
chinoise : « je t’aime »
(« Wŏ ài nῐ »), elle-même
proche de la prononciation des chiffres « 5 » (Wŭ), « 2 » (èr)
et « 1 » (yῑ).
Les abréviations de termes détournés de leur sens originel sont également monnaie courante.
Ainsi, abréviation de « cas social », « Cassos »
s’utilise pour évoquer quelqu’un qui fait pitié par sa bêtise ou sa naïveté, « Basher »
exprime le fait de se faire ridiculiser et dérive de l’expression « se prendre une bâche » en même
temps que du mot anglais : « bash »,
qui signifie : « coup » ou
« coup de poing ». Particulièrement
injurieux s’il est adressé à un adulte, « Schlag » est un terme désignant un imbécile ou une personne psychologiquement instable tandis que : « Chimique » est
devenu synonyme : « d’étrange ».
Abusant également des néologismes, les ados emploieront par exemple le terme : « Bolos » (bouffon), le verbe : « Ambiancer » (manipuler), les expressions : « Être en bad » (être mécontent), « Ça bécave » (ça déchire) ou encore : « Se capter » (se voir).
Toujours en vogue, les inversions (ou verlan) ne datent pas non plus d’hier.
Parmi celles-ci, citons
rapidement : « Céfran » (français), « Chelou »
(louche, bizarre), « Foncedé » (défoncé), « Pécho »
(choper), « Peussa » (sapes, fringues), « Relou » (lourd), « Tej »
(jeter), « Véner » (énervé) …
Voilà, après m’être demandé si, « Fanchement c’était abuser » que d’écrire ces quelques lignes, je me suis dit : « Je vais le faire » sans « M’taper l’affiche » et il me semble que j’ai essayé : « D’assurer » sans « Faire mon Kévin », en tous cas j’ai essayé d’« Assumer » pour le mieux, voire de « Gérer » tout ça « En mode tranquille» sans « Être trop ghetto » … mais aller plus loin risquerait maintenant de « Vous mettre en bad » ou de devenir « Un truc de ouf » alors j’vais pas faire mon « Mytho » car « C’est juste pas possible » de continuer à « M’taper l’affiche » …
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