lundi 26 mars 2018

La Langue des Oiseaux et les Bâtisseurs

Au moyen-Age, la Langue des Oiseaux a servi de base de mémorisation rapide aux Bâtisseurs.

Ne divulguant pas leur savoir-faire au premier venu, ces derniers utilisaient des dessins codés afin de se transmettre leurs procédés de calculs graphiques et autres tracés géométriques. certains avaient ainsi des dénominations argotiques, rappelaient des particularités physiques, figuraient des qualités ou portaient des noms d'animaux, parmi lesquels les oiseaux tenaient une place de choix.

Plusieurs figures nous sont parvenues. C'est notamment le cas de la " Patte d'oie ", de la " Queue du paon ", de " l'Aigle " ou des " Flamands " reproduits ci-dessous.


Représentées ci-dessus, la "Patte d'oie " et la " Queue du paon " sont des figures géométriques qui correspondent aux paragraphes des " Eléments " d'Euclide ".

Si l'Aigle évoquait visiblement la composition de certains fenestrages, les Flamands permettaient de tracer des angles droits en fabriquant une équerre juste. 

Sur le dessin, si l'on trace deux cercles dont les centres sont marqués et dont les circonférences correspondent aux cous des deux oiseaux, la droite réunissant les intersections A et B des deux cercles, forme avec le segment de droite joignant les centres O et P, un angle droit. Cette méthode est facilement réalisable si l'on utilise des cordeaux sur un chantier.


La suite dans un prochain billet ...

lundi 20 juin 2016

Lascaux, le solstice, les étoiles et l’oiseau …

 
Si les solstices consacrent l’union du Ciel et de la Terre, ils véhiculent une particularité à priori paradoxale : ils ne coïncident pas avec les saisons correspondantes.

Le solstice d'été marque la victoire des forces solaires et la descente vers le monde souterrain de ces mêmes forces

En effet, le solstice d’été désigne le moment le plus fort de la course cyclique, alors qu’à partir de ce moment les jours diminuent et les forces solaires s’affaiblissent. Le point le plus haut ouvre ainsi la phase descendante ; sur le plan humain, le sommet de l’extériorité s’accompagne d’un lent retour vers l’intériorité.
 
Appelés « portes de l’année », les solstices étaient ainsi logiquement liés au dieu romain janus, présidant aux choix, aux commencements et aux fins.
Bicéphale, cette divinité était représentée une tête regardant vers l’arrière et une autre vers l’avant, marquant ainsi la transition cyclique des solstices. Elle symbolisait aussi le lien entre le passé et l’avenir, la notion de dualité et l’acceptation des contraires.
 
janus, dieu bicéphale associé aux solstices
 
A l’image du feu solsticial, qui, lorsqu’il monte vers les cieux, représente la victoire solaire et l’ascension céleste, et, qui, lorsqu’il diminue, symbolise la phase descendante et le retour vers la terre, le solstice d’été reste donc une période exceptionnelle où il est possible d’accéder au point zéro en pacifiant les contraires. Pour le dire autrement, il facilite l’émergence dans la magie du moment présent.
 
Dans les cérémonies entourant le solstice d’été, les éléments symboliques évoquent donc conjointement la victoire des forces solaires et la descente vers le monde souterrain de ces mêmes forces.
 
Un feu solsticial
 
Dès lors, en cette période de l'année, un vortex s’ouvre lorsqu’un « rituel » (le rite qui unit à « El », c’est-à-dire à dieu) est célébré sur un lieu « sacré » (« ça crée » …).
La magie du temps se conjugue à celle du lieu, l’Homme n’étant que le modeste orchestrateur de cette conjonction exceptionnelle …
 
Contrairement au solstice d’hiver, qui demeure souvent une fête familiale liée au recueillement, le solstice d’été reste une fête communautaire liée à la joie et à l’exubérance, qui, après une courte période jeûne, se traduit par des chants, des banquets et un hymne au partage. Il est notamment coutume de danser autour du feu en formant de grandes rondes, symbolisant la course cyclique solaire annuelle.
 
Le fait de bâtir le feu ensemble est déjà un hymne au partage ...
 
Par ailleurs, avant de consacrer l’élément « feu » (masculin) par un bucher enflammé à la tombée de la nuit, à l’aube du solstice, avaient souvent lieu des rituels liés à l’élément « eau » (féminin).
 
Après avoir fait une offrande à la Terre-Mère, on se baignait rituellement dans un cours d’eau en invoquant les forces de purification.
Entre midi et deux heures, on ramassait également différents végétaux aux effets sacrés, médicinaux ou thérapeutiques, à l’image du millepertuis, de l’armoise ou de la sauge, ainsi que des fleurs, dont on faisait des couronnes avec lesquelles les participants se coiffaient, décoraient les maisons, ainsi que le lieu de la fête solsticiale.
 
Cueillette du millepertuis lors du solstice d'été 
 
Le solstice permettait ainsi une double purification : par l’eau lors de la baignade et par le feu lors de la cérémonie.
Il s’accompagnait ensuite de la formulation des vœux les plus chers aux participants (cette pratique se perpétue lorsque les couples sautent au-dessus des flammes du bûcher afin de favoriser la fécondité) ...
 
Au delà de cette courte immersion dans les cérémoniaux liés au solstice d'été, j'espère que chacun comprendra l'importance de cette période hautement symbolique.
 
Pour ceux qui sont en recherche de lieux sacrés, voir qui sont en quête de sens, il est en outre assez amusant de constater que le  mot « causal », qui désigne « ce qui constitue la cause de quelque chose » est aussi l’anagramme du mot « Lascaux », célèbre grotte préhistorique, sur laquelle nous nous proposons également de porter notre attention en cette période solsticiale.
 
Le feu solsticial est allumé le 21 juin à la tombée de la nuit
 
En effet, selon les recherches de la paléosastronome Chantal jègues Wolkiewiez, les grottes paléolithiques attestent d'observations précises et minutieuses des cycles solaires, lunaires et stellaires. La grotte de Lascaux n’échappe pas à cette règle. Elle aurait fait fonction de lieu sacré et de sanctuaire orné, dédié aux constellations célestes. Ses peintures représenteraient ainsi une carte des constellations zodiacales telles qu'on pouvait les observer il y a près de 17 000 ans.

Par ailleurs, la lumière du soleil couchant au solstice d'été aurait illuminé la fameuse salle des Taureaux.
 
Si d’autres grottes possèdent des entrées alignées sur le lever ou le coucher du soleil, et éclairées aux jours du solstice d’été, le site de Lascaux retient plus particulièrement notre attention dans la mesure où il abonde de signes abstraits comme celui correspondant à la patte de l’outarde. Egalement utilisée par les bardes celtes, ce symbole se retrouve sur le manteau des chamanes sibériens pour signaler leur pouvoir.
 
La salle dite des taureaux dans la grotte de Lascaux
 
En outre, selon Christine Dequerlor, à Lascaux, un oiseau rappelle la puissance de l’Esprit, autant qu’il signale à l’initié le moyen de retarder l’échéance de la mort.
En effet, si de nombreux points peints en noir, ou en ocre, présents sur les parois, représentent des constellations, notamment celle des Pléiades, autrefois appelée la « Poule et ses poussins », plusieurs plumes flottent également au-dessus des autres animaux.  Se posant parfois sur leurs flancs, elles conduisent là où se cache l’Oiseau symbolique qui constitue le véritable message de ce lieu sacré.
Facilement identifiables, ces plumes, curieusement appelées « flèches » par les chercheurs contemporains, mènent dans la partie la plus initiatique de la grotte qui correspond à un puits naturel profond d’une huitaine de mètres.
A cet endroit, figure une fresque pariétale connue sous le nom de « Scène du puits », représentant un homme nu à quatre doigts (les quatre directions cardinales) et étendu entre un rhinocéros et un bison. Près de lui se tient un oiseau sur un perchoir. Cet ensemble s’interprète traditionnellement comme un accident de chasse mortel. La présence de l’oiseau laisse pourtant présager qu’il faut aller chercher plus loin.
 
La scène dite " du puits " dans la grotte de Lascaux
 
En effet, les autres animaux sont peints à l’aide de larges traits afin de suggérer l’impression de lourdeur terrestre, évoquant l’aspect grossier des non initiés. A l’opposé, l’homme et l’oiseau occupent le centre du tableau et la minceur de leurs contours insiste sur leur légèreté, leur immatérialité et leur capacité à prendre de la hauteur. L’homme nu a ainsi tous les aspects d’un chamane en état de transe, ayant groupé près de lui les symboles de son pouvoir. La sagaie indique son but ; brisée et placée près de lui, elle rappelle la coutume consistant à placer près du chamane défunt ses objets cassés (afin que personne ne soit en mesure de les réutiliser). Ce chamane semble se dédoubler tandis que son âme est représentée sous la forme de l’oiseau qui quitte provisoirement son corps. Afin de préciser qu’il est vivant, les artistes ont insisté sur sa virilité en figurant son pénis en érection. Les bâtons sur lesquels repose l’oiseau sont comparables aux baguettes magiques ou aux bâtons de guérison, voire de vie, que l’on fabriquait lors du solstice d’été, c'est-à-dire qu’ils jouent un rôle de guide pour l’âme. Ils font office de lien entre la terre et le Ciel. 

Certains observateurs décrivent aussi une forme de lunette astronomique, à l’image des tiges creuses de l’Antiquité utilisées pour fixer un point dans le ciel. Ce qui signifierait que le personnage en question ne se contente pas de se dédoubler dans notre monde mais qu’il voyage dans des espaces cosmiques situés dans d’autres dimensions.
 
La scène du puits (agrandissement)
 
Y puisait t-il des forces de guérison ?  
 
Certains ouvrages ésotériques prétendent que de tels voyages répétés conservent le corps dans un état de parfaite santé. Dans tous les cas, c’est bien cet envol de l’âme vers le Cosmos que symbolise l’oiseau présent sur le « bâton-lunette ».
Enfin, précisons que cette scène ne se déroule pas innocemment au fond d’un puits, lui-même situé au point où les radiations et les courants telluriques sont censés être les plus forts ...
 
Dommage que ce lieu sacré soit fermé au public, mais rassurons-nous, la France en possède beaucoup d’autres …
 
Certains s’étonneront peut-être que nous sortions de notre cadre habituel, mais il nous plaît d’imaginer que ce petit billet puisse susciter le désir de célébrer le solstice d’été en même temps qu’il puisse éveiller le désir de s’intéresser à l’un des lieux les plus sacrés de notre beau pays …
 
Bon solstice à tous
 
 

 

lundi 11 avril 2016

Nos ressorts sont des trésors ...


Le véritable trésor est intérieur ...
 
Il est toujours plaisant de réfléchir au lien qui unit deux mots, notamment par le biais des anagrammes.
Le mot « TRESORS » est ainsi celui du mot « RESSORT », qui peut à la fois désigner un champ de compétences ou l’énergie mise à disposition pour être ou faire.
Les véritables trésors seraient-ils ainsi les ressources dont nous disposons à l’intérieur de nous-mêmes ?
Selon une autre définition, le mot « ressort » est une : « pièce élastique reprenant sa forme originelle après avoir été contractée ». Cette seconde définition semble de nouveau révéler la richesse du potentiel humain. Elle suggère en effet notre capacité à retrouver notre état de plénitude initiale, en faisant preuve de souplesse, autant qu’en lâchant-prise, après avoir fourni un effort générant concentration ou tension. Notre véritable trésor réside donc dans la connaissance de nos aptitudes, autant que dans la puissance de notre nature originelle. La phrase inscrite au frontispice du temple de Delphes, et reprise par Socrate, prend donc tout son sens : « connais toi-toi-même » … 
A cet égard, si l’on modifie l’ordre des lettres du verbe CONNAITRE, nous pouvons aussi en obtenir un autre : ACTIONNER.


A l'image d'Apollon versant une libation à un volatile, en nourrissant notre propension à parler la Langue des Oiseaux, nous pouvons percevoir la nature du lien plus subtil unissant plusieurs mots. 
(Médaillon d'un vase antique provenant de Delphes).

Connaître peut se comprendre par le fait : « d'avoir une notion de quelque chose, d’avoir un lien avec, d’être informé ». Son sens plus profond signifie « naître avec », contrairement à « savoir », qui peut s’entendre : « ça voir » … Pour sa part le verbe actionner signifie « mettre en mouvement, manipuler, donner une force qui pousse à agir ». Il est évident que le fait de connaître quelque chose permettra d’agir en conséquence. De même, il sera toujours préférable d’agir à partir de ce que l’on connaît plutôt qu’en présupposant.
 
Le lien entre ces deux anagrammes semble aussi signifier que la connaissance est liée à la notion de mouvement, à l’image du processus de la naissance qui n’est guère statique. Elle n’est pas figée, contrairement au savoir qui traduit souvent notre tendance à nous cristalliser sur nos acquis. En revanche, elle se transforme, se nourrit et évolue au même titre qu’une pensée, n’en déplaise aux adeptes de la « pensée unique actuelle », accaparant les différents pouvoirs, qu’ils soient politiques, médiatiques ou scientifiques …
 
Pour en revenir à l’anagramme « actionner », il me semble utile de rappeler que, s’il peut être défini par le verbe « manipuler », il prévient de l’usage, emprunt de dualité, que l’on est susceptible de faire de la connaissance. De même, si la force qui pousse à agir dépend étroitement de la précédente, nous comprenons pourquoi nos élites désirent nous maintenir dans l’ignorance. En ce sens, si la plupart des médias manipulent le public, c’est qu’ils connaissent la vérité …
Ils ne pourront donc nullement se dédouaner un jour de leur attitude en la justifiant par le fait qu’ils ignoraient…
 

dimanche 11 octobre 2015

Petit retour sur ce que le mal a dit …

Si avec son cortège de grippes et autres gastro, l’automne est une excellente période pour évoquer ce sujet, essayons de le faire dans la légèreté et la bonne humeur. La théorie des « humeurs » était d’ailleurs à la base de la médecine antique  … A l’image de la Langue des Oiseaux, essayons également de prendre un peu de hauteur vis-à-vis des « maux » en prenant également du recul par rapport à certains « mots » …
 
Dame Nature et ses oiseaux, France, fin du XVème siècle,
Paris, © BNF, ms Français 9197, folio 13
 
Autrefois, lorsque les malades se rendaient chez un guérisseur, c’était souvent pour se libérer du « malin » qui les habitait. Cela semble suggérer que le processus de la maladie n’était pas si aléatoire que cela et qu’il répondait en fait à un processus intelligent, subtil mais également « diabolique ».
 
L’étymologie du mot diabolique nous met sur une autre piste qui évoque un processus de division (le grec « diaballein » signait la désunion et la séparation, en opposition au verbe « sumballein » qui évoquait le fait de réunir, de mettre en contact).
Par ailleurs, si l’on considère que l’anagramme du mot « diable » donne « déblai », nous comprenons que l’une des fonctions du personnage serait peut-être de nous aider à faire le ménage en nous libérant de ce qui nous encombre (émotions, certitudes, superflu …), notamment par le biais de la maladie.

Celle-ci traduirait donc notre incapacité à rassembler, à nous sentir relié et à percevoir l’Unité. Qu’il s’agisse d’une attitude extérieure (différenciation vis-à-vis des autres) ou intérieure (conflits entre nos sous-personnalités), elle répondrait à l’emprise du mental, incapable de vivre la notion de reliance.
 
De même, lorsqu’une maladie est susceptible de mettre les jours d’une personne en danger, nous avons tendance à dire que celle-ci ne « pardonne pas ».
 
Si la maladie est un processus subtil, quel est son message ?
Est-ce vraiment elle qui ne pardonne pas ?
 
Il semble au contraire qu’elle fonctionne à l’image d’un miroir destiné à nous faire prendre conscience de quelque chose. Ainsi, lorsqu’une maladie grave ne pardonne pas, peut-être est-il temps de méditer sur notre propre propension à pardonner.
 
Le pardon serait donc la clé mais il demande une authenticité qui nous fait souvent défaut. En effet, il ne suffit pas de se saisir d’une bougie blanche et de se dire que tout est oublié ! Comme le dit la chanson de jacques Brel : « on n’oublie rien, on s’habitue c’est tout » …
En fait ce n’est pas vraiment tout … car nous avons aussi une formidable capacité à somatiser ce que nous n’exprimons pas !
 

    Le Malin s'échappant d'un malade, détail, La Cananéenne,
     vitrail de la chapelle Saint Jérôme, Cathédrale de Bayonne,
                                 XVIème siècle. 
Les mots « pardon » et « pardonner » peuvent aussi s’entendre : « part don » et « part donner », ce qui sous-entend qu’il s’agit peut-être de parvenir à donner quelque chose de soi à l’autre. Et pourquoi pas une émotion dont on pourrait se libérer ?
 
Dans un premier temps, le terme nous invite peut-être à « rendre à l’autre sa part de responsabilité » au regard de notre vécu  commun. Cela semble d’autant plus vrai avec nos proches : oser leur exprimer ce que nous avons sur le cœur peut à la fois mettre fin aux conflits et éviter bien des incompréhensions. Par ailleurs, cela nous permet d’éviter de traduire tout cela sous forme de maladie.
 
Pour rappel : « si je n’exprime pas (une émotion), j’imprime (je la stocke à l’intérieur du corps), si je reste dans l’imprime, je déprime et si je pousse la déprime je me supprime (je me déclenche une maladie) … ».
 
Pour autant, cela ne résout pas tout. Dans un second temps, il convient bien sûr de se pardonner soi-même.
 
C’est-à-dire d’être en capacité de reconnaître notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive, dans les émotions que nous déclenchons et dans les croyances que nous entretenons. Si apparemment nous ne sommes pas responsables de ce que la vie nous envoie comme épreuve (et encore, cela se discute …), nous le sommes dans la manière de vivre les choses. Mais l’un et l’autre sont intimement liés.
 
Il s’agit donc d’établir un dialogue intérieur, d’entrer en contact avec chacune de nos sous-personnalités, afin de leur rendre leur part dans ce qui nous arrive. Il n’est pas question de les juger, juste d’entrer en contact avec. Dès lors peut-être parviendrons-nous à les mettre d’accord. Il me semble toutefois que seule la Présence aimante de notre Conscience est en mesure d’y parvenir : apte à écouter et à respecter tous nos besoins, sa seule attention suffit à pacifier nos conflits intérieurs. En ce sens, la maladie nous montre que ce qui n’est pas présent à la Conscience s’exprime dans l’expérience.
 
Plutôt que de rechercher des causes extérieures pour comprendre ce que « le mal a dit », la langue des Oiseaux nous invite à nous tourner en nous-même.
 
Il est souvent plus facile de partir en croisade contre le tabac, la malbouffe ou la pollution… les médias sont d’ailleurs experts en la matière, comme l’étaient les papes qui excommuniaient les non croyants et les impies en déclarant que « de la fumée leur sortait par la bouche et par le nez … ».
 
Je ne cherche pas à justifier le fait de fumer (« humer le F … c’est-à-dire « tendre vers l’Esprit mais ne pas oser s’imprégner totalement de sa présence »), ni à promouvoir l’énergie nucléaire (qui produit de l’énergie par un processus de séparation), ni à défendre la mainmise d’une multinationale sur le marché des semences (ce qui induit notre dépendance), mais je pense qu’il est tout aussi important de se tourner vers l’intérieur que vers l’extérieur. La paix et l’harmonie (« l’arme honnie ») sont souvent là, juste sous notre nez !
 
Certes, chercher à comprendre, fouiller son passé, explorer ses vies antérieures ou trouver des responsables (antécédents familiaux, génétique, traumatismes, alimentation…) est souvent une étape nécessaire mais elle devrait uniquement nous mener à être PRESENT !
Présent à nous même autant qu’à la réalité toute aussi illusoire du monde extérieur !
 
Etre présent à nous même peut nous conduire à Faire et FAIRE peut nous conduire à ETRE mais dans le même temps, ETRE peut aussi nous conduire à ne pas FAIRE et FAIRE nous amène souvent à ne pas ETRE
 
Tout réside dans cette subtilité …
 
En cas de maladie, nous sommes hélas peu nombreux à ne pas chercher à faire quelque chose, qu’il s’agisse de se tourner vers la médecine dite « classique » ou vers les médecines douces (prise de médicaments, soin énergétique, consultation d’un psychothérapeute, d’un guérisseur …). L’éventualité de ne RIEN FAIRE semble avoir totalement disparue de nos esprits toujours occupés à faire.
 
Si la maladie nous contraint à faire quelque chose c’est bien à faire une pause (« P ose = paix ose ») par rapport à nos activités ou nos pensées habituelles.
 
Prendre un médicament en cas de rhume, de rhino-pharyngite ou de grippe alors que ces affections ne demandent souvent que du repos est désormais devenu « monnaie courante » … mais il est vrai que la santé est aussi devenue une histoire de gros sous.
 
Aujourd’hui nous sommes malheureusement tous égaux (« égo ») face à nos douleurs (« doux leurres »). A l’image de l’utilisation fréquente de l’aspirine (« aspire in = aspirations intérieures »), on prend régulièrement des « cachets » pour les « cacher ».
Pire, lorsque nous consultons un médecin, nous devenons ses « patients » alors qu’il nous faudrait au contraire être des « présents » à nous-mêmes.
 

Allégorie de la puissance de l'Esprit, l'Oiseau Caladrius
au chevet d'un malade, Bestiaire anglais, XIIIème siècle.
Pour retrouver la santé (« sans T = sans la terre »), la langue des Oiseaux semble nous conseiller de revenir à la simplicité, à ce qui est élémentaire (« élément Terre »). Il est d’ailleurs amusant de constater qu’on prescrivait autrefois un peu de « rhum » pour accompagner un gros « rhume » …
 
Si le mot simplicité peut être décomposé de la sorte : « le simple i cité », c’est qu’il nous conseille peut-être de vocaliser la lettre « i », qui symbolise la connexion spirituelle, pour en faire l’expérience. Le terme nous invite ainsi à méditer sur notre capacité de reliance, comme le suggère le dessin de la voyelle dont le point figure l’esprit tandis que la barre image le corps.
 
i c’est l’esprit qui coule dans le corps, c’est le Ciel qui contacte la Terre, c’est la lettre qui permet le lien entre le haut et le bas. Elle a la capacité de se remplir de la puissance de l’esprit en sa qualité de « voyelle » (elle voit « EL » = elle perçoit le divin ).
 
Sa vocation ne consiste pas à nous « soigner » (« nier le soi ») mais à nous « guérir » (« gai rire ») en nous transmettant la joie de vivre ici et maintenant sur terre…
 
Rappelons que l’anagramme du mot « soigner » donne « ignores », soulignant peut-être un lien de cause à effet entre le fait de prendre soin de quelque chose ou, au contraire, de le négliger.
 
Comme l’écrivait Pascal : « s’ignorer c’est ne pas se connaître soi-même » ou du moins ne pas comprendre la Nature du Soi (totalité formé du conscient et de l’inconscient).
 
De l’ignorance à la négation, il n’y qu’un pas et l’inversion du mot « soigner » nous montre qu’il est facilement franchi par ignorance : soigner = nier soi. En somme, si ignorer déclenche le besoin de soigner, le fait de soigner résulte d’une ignorance, c’est-à-dire d’une méconnaissance de notre véritable Essence …
 
La maladie est donc là pour nous le rappeler. Elle est à la fois une façon de prendre conscience de nos besoins et une occasion d’apprendre à nous connaître.
 
Entre nous, il y a quand-même d’autres moyens d’y parvenir !
 

vendredi 7 août 2015

Projection - Rencontre :  La Langue Des Oiseaux
 
Dimanche 9 aout 2015 - 20h30
 
avec Jérémie Guerry
 
 Rennes - les - Bains (11190), chez Debowska Films Production, 5 Grand'Rue des Thermes
 
 
 

lundi 15 juin 2015

L'ART DE LA CONTREPETERIE


La Langue des Oiseaux recouvre un ensemble de procédés qui permettent d'entendre différemment les mots. Parmi ces procédés, citons les contrepèteries, qui consistent à permuter certains phonèmes, lettres ou syllabes d'une phrase afin d'en obtenir une nouvelle.



Langue des Oiseaux Contrepéteterie
Georges Brassens et son perroquet Coco


En voici un exemple :

" Brassens parlait de SèTe de façon fort compleXe "
" Brassens parlait de seXe de façon fort complèTe "

Les contrepèteries consistent en l'art de décaler les sons, en voici donc une petite dizaine (particulièrement soft !), dont les deux célèbres de Rabelais :

" Femme folle à la messe " et " A Beaumont le Vicomte "

" On ne prêche qu'aux rites "

" Attention à ces colons gauchistes "

" Elle apprécie les carrosses hérétiques "

" Quelle bonheur pour la princesse que la dotation du roi "

" Beethoven détestait les sons courts "

" Mon père a glissé dans la piscine "

" Le chef de l'ENA raffole du porto "

" Ces luttes perpétuelles épuisent la malheureuse Russie "

" C'est un ministre décent "

" Le maire de Lourdes hésite entre cierges et hosties "

A vous de jouer !
 

mercredi 28 janvier 2015

Le Sîmorgh, la Conférence aux Oiseaux et la quête initiatique …


Entre le XIIème et le XIIIème siècle, la culture perse s'est fait l'écho du langage des Oiseaux en évoquant l'importance de la quête initiatique. 



Langue des Oiseaux Simorgh
Illustration du XIVème siècle tirée de Shahnameh
 
Chez les islamistes, le Sîmorgh était un oiseau légendaire qui symbolisait à la fois le Maître mystique, la manifestation de la Divinité et le Moi caché. Animal fabuleux, ce Sîmorgh se retrouve dans de nombreux récits, même si son évocation a varié au cours des siècles.
De grandes figures mystiques telles que Farid al-Din ’Attâr, Avicenne ou Sohrawardî lui ont réservé une place de choix dans leurs récits initiatiques. Il peut être rapproché de certains oiseaux extraordinaires présents dans les cultures asiatiques et bouddhistes, autant qu’il partage de nombreux traits communs avec le Phénix.

Evoqué dans La Tentation de Saint Antoine de Flaubert, cet oiseau mythique constitua l’objet de nombreux écrits de l’iranologue Henry Corbin. On le retrouve également dans certains mangas et des jeux vidéo. Plus récemment, il a inspiré des ouvrages tels que Le Sîmorgh de Christian Charrière ainsi que le dernier roman de l’écrivain algérien Mohammed Dib. Symbole clé de la Perse antique, le Sîmorgh s’est par la suite intégré à la culture islamique, occupant désormais une dimension importante de la spiritualité chiite : celle d’une sortie de l’exil rendue possible par une connaissance de soi.

D’un point de vue étymologique, le nom « Sîmorgh » dériverait du sanskrit « Syenah », désignant l’aigle. Le sens du préfixe " si ", signifiant " trente " en persan, suggère toutefois que ce volatile serait aussi grand que trente oiseaux réunis (« morgh » signifiant « oiseau »).

Selon les légendes iraniennes, il aurait connu trois destructions du monde. Sa longévité lui aurait ainsi permis d’accéder à la connaissance suprême. Selon d’autres récits, il pourrait vivre jusqu’à 1700 ans avant de se consumer dans les flammes pour renaître ensuite de ses cendres sous la forme d’un nouveau Sîmorgh.
Dans la littérature persane et dans les diverses œuvres artistiques où il apparaît, il a souvent pris la forme d’une créature ailée ressemblant à un paon pourvu de longues griffes et à la tête, tantôt humaine, tantôt animale. Paré de plumes de couleur cuivres ou pourpres, il fait en outre preuve d’une hostilité envers les serpents.
Demeurant dans la montagne sacrée, il possédait le langage humain et servait de messager. Transportant également les héros à de grandes distances, il leur laissait aussi quelques-unes de ses plumes, qui, se consumant, avaient le pouvoir de les convoquer en quelque lieu qu'il se trouvât. 
Selon certains récits chiites, il nichait au sommet d’un arbre extraordinaire (Tûba ou Arbre de la Connaissance). Portant les graines de toutes les plantes existantes, cet arbre se situait au cœur de la montagne de Qâf, se trouvant elle-même au sommet du Malakût, monde imaginal, destinée de l’âme.
Enfin, il est aussi écrit que : « la secousse provoquée par son envol fait tomber de l’arbre Tûbâ toutes les graines de toutes les plantes du monde. Ces dernières prennent alors racine et se développent sur terre, fournissant aux hommes des remèdes contre leurs maladies ». Si le Sîmorgh est ainsi considéré comme un symbole de fertilité, il demeure avant tout un médiateur entre le ciel et la terre.

Dans la gnose chiite, le Sîmorgh et l’arbre Tûbâ, ont été considérés comme étant le symbole de l’Imam, c’est-à-dire du Guide intérieur de chaque croyant, lui révélant son moi profond et le lien indissociable l’unissant au Créateur. Guide de l’âme, la protégeant et l’initiant tout au long de sa quête, le Sîmorgh est censé lui rappeler son existence céleste antérieure. Il est à la fois l’objet de sa quête et celui qui lui rappelle son exil dans le monde matériel. Guérisseur de l’âme, à l’image de l’oiseau Caladrius, les mythes précisent également que si l’on place un miroir devant lui, son image reflétée éblouira jusqu’à l’aveuglement tous les regards. Il est clair que cet éblouissement symbolise le réveil de la vision intérieure et la capacité de percevoir l’illusion du monde.

Outre La Conférence aux Oiseaux de Farid al-Din ’Attâr, le Sîmorgh est présent dans les écrits des grands mystiques, notamment dans Le Récit de l’Oiseau d’Avicenne, l’épître du même nom d’Ahmad Ghazâli, ou encore dans Rawdâ al-fariqayn d’Abul-Rajâ Tchâtchi.

Dans le récit d’Avicenne, l’oiseau symbolise l’âme qui préexiste au corps et se retrouve emprisonnée par des chasseurs dans la cage du corps matériel. Oubliant peu à peu son état libre originel, sa quête consistera à se souvenir de sa nature première pour parvenir à se libérer des entraves du corps et s’envoler vers le monde spirituel. Ce cheminement ne pourra toutefois s’effectuer qu’avec la rencontre du guide intérieur. L’oiseau est ici la contrepartie céleste du moi terrestre. Il nous invite autant qu’il nous aide à accomplir notre ascension céleste à l’image du Mi’râj des Musulmans (moment où Mahomet serait monté aux cieux puis descendu aux enfers en compagnie de l'ange Gabriel).  

L’image de l’oiseau-âme, captif et ignorant sa véritable nature, est également reprise par Sohrawardî, pour lequel, la consomption du Sîmorgh dans les flammes signifie la mort du moi inférieur et la naissance à la Connaissance spirituelle. Cette consomption demeure le prélude indispensable à l’accomplissement d’une véritable renaissance. Récurrente chez de nombreux mystiques, cette conception est parfaitement illustrée par le conseil suivant : « mourez avant de mourir ».

Dans son « Récit de l’archange empourpré », le Sîmorgh incarne la figure de l’Esprit saint devant guider le pèlerin dans sa quête et sa compréhension des hautes vérités spirituelles. L’oiseau joue donc le rôle d’interface par laquelle le Divin se manifeste à l’Homme.

Dans un autre traité de Sohrawardi, intitulé « L’incantation du Sîmorgh », ce dernier apparaît sous la forme d’une huppe symbolisant l’âme de chaque pèlerin et invitant le moi terrestre à prendre son envol pour retourner vers la montagne du Qâf. Insistant sur le fait que tout cheminement initiatique nécessite l’abandon du plumage (c’est-à-dire l’obligation de se dépouiller des habits de l’égo), il n’est écouté que par un petit nombre d’appelés.
 
Langue des Oiseaux - Farid Al-Din 'Attar
Shâhnâmeh, miniature du XVIIe siècle
 
C’est toutefois grâce au poète soufiste Farid al-Din ’Attâr, que le Sîmorgh fut connu en Occident. Son récit parut en France en 1863 sous le titre de « Conférence aux Oiseaux».

Le titre de cet ouvrage renvoie à un passage du Coran évoquant le prophète Salomon. En effet, il est dit que celui-ci reçut le privilège de comprendre le langage des oiseaux, c’est-à-dire : « celui de toute la création et de l’être profond de l’ensemble des êtres vivants la composant ; chacun devenait alors pour lui un livre ouvert révélant le secret intime de son être, permettant ainsi de déchiffrer tous les symboles et de percer les mystères de la création ».

Le poème de 4647 vers de Farid al-Din ’Attâr prend la forme d’une épopée mystique et retrace la quête d’oiseaux partant à la recherche de leur roi, le fameux Sîmorgh.

L'essentiel du récit concerne la discussion entre les volatiles et les prétextes qu'ils invoquent pour échapper à cette grande aventure. Une huppe les interpellent, leur répond et leur sert de guide. Après maintes tergiversations, ces milliers d'oiseaux prennent pourtant le chemin du désert et voyagent durant de longues années dans des contrées inhospitalières. Rencontrant toutes les difficultés possibles : froid, chaleur, faim, fatigue, découragement ... la plupart périssent avant d'atteindre leur but.

Ils traversent surtout 7 vallées, qui désignent, selon les systèmes de référence, les 7 étapes de la voie mystique, les 7 degrés de la Connaissance (de la Conscience) ou encore les 7 sphères de l'Arbre des Séphiroth.

La première vallée est celle de la recherche (talab), la seconde est celle de l'amour (eshq), la troisième est celle de la connaissance (ma'rifat), la quatrième est celle de l'indépendance (istignâ), la cinquième est celle de l'unité (tawhid), la sixième est celle de l'émerveillement (havrat) et la septième est celle du dénuement (faqr) et de la mort mystique. A la fin, seuls trente d'entre eux parviennent à leur but et sont en mesure de contempler l'oiseau roi. C'est peut-être le moment le plus extraordinaire de ce long poème qui s'achève par la découverte de ce qu'est réellement le Sîmorgh. 

En fait par un subtil jeu de mot, le Sîmorgh devient le miroir de ces sî-morgh et ceux-ci découvrent en l’oiseau qu’ils cherchaient le secret profond de leur être. Se terminant par la disparition des Oiseaux dans la Lumière (« l’ombre se perdit dans la lumière … l’immortalité succéda à l’anéantissement »), le récit suggère la dissolution de l’âme dans un Tout plus vaste mais plus réel.

En tous points fabuleux, ce long poème résume les principales étapes d'une quête initiatique autant qu'il nous livre de précieux conseils pour devenir plus conscient.

En premier lieu, il importe de devenir un observateur conscient de la Réalité (un «veilleur ») afin de ne plus se laisser distraire par les phénomènes de la route (les illusions du monde sensible transmises par nos sens).

Farid Al-Din Attar enseigne aussi que le véritable secret de la Vie réside au cœur de la Matière et que les solutions à nos problèmes nous éloignent du Ciel, vers lequel nous pensions nous diriger, pour nous ramener brutalement vers la Terre.

Il évoque aussi la solitude et les épreuves (preuves par le « E », c'est à dire l'acceptation des difficultés permettant de faire l'expérience du Monde ...) comme des passages nécessaires pour trouver le Guide intérieur sans l'aide duquel rien n'est possible.
 
Il souligne enfin la nécessité de prendre conscience de la dualité inhérente à notre monde. Cette vérité est signifiée lorsque les oiseaux traversent la vallée de l'étonnement avant de parvenir au terme du voyage. A ce stade, les contraires s'apprivoisent. Ils sont perçus au même instant, avec la même force. On voit et on ne voit pas. C'est à la fois le jour et la nuit, et ce n'est ni le jour, ni la nuit.  




Langue des Oiseaux Perse Simorgh
Qazwīnī  - Les Merveilles des choses créées et les curiosités des choses existantes - XIIIème siècle
 
Etablissant un parallèle avec certaines notions propres à la physique quantique, Richard Khaitzine écrivait : « l’étonnement métaphysique dont il est ici question est le même que celui du physicien découvrant avec stupeur que certaines particules répondent à des lois illogiques et se comportent de façon peu rationnelles du moins en apparence, dans un univers où règne l’illusion. Ainsi les dites particules sont et ne sont pas. En outre, elles possèdent le don d’ubiquité … c’est à dire que la même particule semble franchir deux points distants ... ».
 
La rencontre avec l’oiseau roi, qui constitue la réponse à l’énigme suprême, représente certainement une Vérité dévoilée sans aucune ambiguité : Nous sommes Un, Dieu est en nous et nous sommes en Dieu.
Pour reprendre la traduction d'Al Dinn Attar : « Ils virent que le Sîmorhg, c’était eux-mêmes et qu’eux-mêmes étaient le Sîmorgh. Quand ils regardaient le Sîmorgh, ils voyaient que c’était bien le Sîmorgh. Et s’ils portaient leurs regards sur eux-mêmes, ils voyaient qu’eux-mêmes étaient le Sîmorgh. Ils ne formaient en réalité qu’un seul être… ». 
Ne comprenant rien à ce prodige, les oiseaux interrogèrent le Sîmorgh sans se servir de la langue et lui, de la même manière, leur répondit : « Le soleil de ma majesté est un miroir. Celui qui se voit dans ce miroir, il y voit son âme et son corps. Il s’y voit tout entier. Seriez-vous trente ou quarante, vous y verriez trente ou quarante oiseaux dans ce miroir … ».
A partir de ce moment-là, les oiseaux se perdirent pour toujours dans le Sîmorgh et l’ombre se confondit avec le soleil.

Comme l’a analysé Henry Corbin : « lorsqu’ils tournent le regard vers Sîmorgh, c’est bien Sîmorgh qu’ils voient. Lorsqu’ils se contemplent eux-mêmes, c’est encore Sî-morgh, trente oiseaux, qu’ils contemplent. Et lorsqu’ils regardent simultanément des deux côtés, Sîmorgh et Sî-morgh sont une seule et même réalité. Il y a bien là deux fois Sîmorgh, et pourtant Sîmorgh est unique. Identité dans la différence, différence dans l’identité ».

La connaissance du Sîmorgh permet de découvrir son moi spirituel et donc de se connaître soi-même. On y retrouve une constance de la mystique persane, où la quête du transcendant amène à la connaissance de soi et à la découverte du lien fondamental unissant la créature à son Créateur.

Notons que Corbin effectue aussi un parallèle entre le dénouement de cette épopée et la pensée de certains grands mystiques occidentaux comme Maître Eckhart qui, dans le même sens, affirmait que « Le regard par lequel je Le connais, est le regard par lequel Il me connaît » ...
 

Pour ceux désirent aller plus loin, je vous conseille l'article de Muhammad Ali publié dans le blog " Shî'isme, sagesse, théosophie et gnose ".